Quels sont les salaires et revenus des médecins hospitaliers ou libéraux selon leur spécialité ?

En France, la question de l'argent est un tabou. D'autant plus lorsque cela concerne les personnes qui en gagnent beaucoup. Le sujet du salaire et des revenus des médecins, libéraux ou hospitaliers, n'échappe pas à la règle. En effet, cela fait régulièrement l'objet de diverses polémiques. Mais qu'en est-il vraiment ? Combien les médecins gagnent-ils ? Quelles sont les spécialités médicales les mieux payées ?

Différents statuts pour différents revenus

Avant de regarder les études statistiques récentes sur le sujet, il est nécessaire de préciser que les revenus / salaires des médecins sont très disparates en fonction du mode d'exercice.

En effet, il faut savoir qu'il existe de nombreuses possibilités pour exercer la médecine en France, mais pour faciliter la compréhension de cet article, nous nous focaliserons sur les 2 principales :

• Les revenus des médecins libéraux, en fonction de chaque spécialité
• Les salaires des praticiens hospitaliers, en fonction de leur ancienneté (appelé échelon)

Quels sont les revenus des médecins libéraux en fonction de leur spécialité ?

Chaque année, les médecins libéraux doivent déclarer leurs revenus à la caisse autonome de retraite des médecins de France (CARMF). Une étude basée sur ces données permet ainsi d'estimer correctement leurs honoraires. Les dernières informations disponibles ont été publiées en 2023 et concernent les revenus de l'année 2021.

Pour comprendre correctement ces données, il faut connaître les 3 possibilités de conventionnement qu'un médecin peut souscrire avec la sécurité sociale :

• Secteur 1 : "médecin conventionné". Le médecin ne pratique pas de dépassement d'honoraires : les tarifs sont fixés par l'assurance maladie (exemple : 25€ pour une consultation de médecine générale). Par la suite, la sécurité sociale rembourse le patient (à hauteur de 70% par exemple).
• Secteur 2 : "medecin conventionné" avec dépassements d'honoraires. Dans ce cas, le médecin peut fixer ses honoraires librement mais avec "tact et mesure". La sécurité sociale rembourse les patients sur la base des tarifs de la convention. Les dépassements d'honoraires restent donc à leur charge (ou à celle de leur mutuelle santé).
• Secteur 3 : "médecin non conventionné". Les tarifs sont totalement libres. La sécurité sociale rembourse les patients selon un tarif minimal fixé par la loi (exemple : 3,68€ pour une consultation de médecine générale).

Les médecins non conventionnés du secteur 3 sont minoritaires à l'heure actuelle. Leurs revenus n'ont pas été pris en compte dans cette étude.

Arrêtons le suspens, voici donc les bénéfices non commerciaux (BNC) déclarés par les médecins libéraux en fonction de leur spécialité et de leur mode de convention :

Sans se rabaisser à des jeux puériles de comparaison, on constate tout de même de grandes différences entre les spécialités.

Même s'il s'agit des chiffres officiels des revenus libéraux déclarés, il faut les analyser avec précautions. En effet, cette étude ne prend pas en compte le temps de travail ni les autres revenus générés par les médecins exerçant également une activité de salarié. Cela doit forcément impacter les revenus de certains spécialistes. Par exemple, des urgentistes peuvent être amenés à alterner deux mi-temps entre un hôpital public et une clinique privée. Dans ce cas, seuls les revenus générés par l'activité privée à la clinique seraient déclarés à la CARMF et donc pris en compte dans le tableau ci-dessus.

Combien gagne un médecin à l'hôpital ?

Classiquement opposés à leurs confrères libéraux, les praticiens hospitaliers sont rémunérés d'une toute autre manière. En effet, à l'hôpital public, les salaires sont versés en fonction de l'ancienneté (que l'on appelle échelon) et non pas selon la spécialité ou encore le nombre d'actes effectués chaque mois. Tout le corps médical hospitalier est donc logé à la même enseigne.

A noter en revanche que ces salaires ne comprennent pas certaines indemnités et autres rémunérations, dont notamment l'indemnité d'engagement exclusif envers le service public de 1010 €/mois ainsi que les gardes de nuit ou encore  les astreintes de week-end par exemple. Certains médecins en font beaucoup, d'autres pas du tout. Ceci peut être à l'origine d'une importante source de revenus supplémentaires mensuellement et ne sont pas compris dans les chiffres présentés ci-dessous.

Pour un temps complet, basé sur un temps de travail de 48h/semaine en moyenne, la grille des salaires est la suivante depuis l'arrêté du 08/07/2022 :

Pour donner mon avis personnel, je trouve que le salaire de base pour un praticien hospitalier en début de carrière est ridiculement bas en comparaison aux études et à la responsabilité du métier. En revanche, l'augmentation du salaire au fil du temps est importante.

Rappelons toutefois que ces chiffres ne tiennent pas compte des indemnités et autres rémunérations des praticiens hospitaliers comme les gardes et les astreintes, lesquelles peuvent représenter une part important du salaire.

Quid des autres statuts ?

Il n'y a pas que la médecine libérale et hospitalière dans la réalité. Et même à l'hôpital, tous les praticiens n'ont pas le statut de PH : il existe d'autres statuts comme celui de praticien contractuel par exemple. De plus, les temps de travail peuvent être aménagés comme en cas de contrat de PH à temps partiel. Ainsi, les salaires sont assez variables.

Ces statuts particuliers ne seront pas traités dans cet article. Si vous souhaitez plus d'informations, je vous invite à lire l'arrêté du 8 juillet 2022 relatif aux émoluments, rémunérations ou indemnités des personnels médicaux, pharmaceutiques et odontologiques exerçant leurs fonctions dans les établissements publics de santé.

Et vous, avec quel statut souhaitez-vous exercer ?

J'espère que cet article a pu vous apporter les renseignements nécessaires. Soyez conscients que ce ne sont que des moyennes statistiques, qui ne correspondent pas forcément à la réalité, notamment pour les revenus des médecins libéraux.

Il faut également être bien conscient que malgré d'importantes variations de revenus entre le secteur public et le secteur privé, l'activité médicale pratiquée au quotidien est également très différente entre ces modes d'exercice. Vu le temps que l'on passe auprès des patients, ce n'est sûrement pas les revenus qui importent, mais plutôt notre passion. Aimer ce que l'on fait de notre temps, c'est le plus important.

Et vous, quel mode d'exercice vous attire le plus actuellement ? Et à quels revenus prétendez-vous idéalement ? Vos avis nous intéressent, n'hésitez pas à les poster en commentaire ci-dessous.

Si cela vous intéresse également, je vous invite à regarder la rémunération des externes en médecine ou encore celle des internes.