Item 332 à l'EDN : État de choc. Principales étiologies : hypovolémique, septique, cardiogénique, anaphylactique

Fiche de révision pour l'EDN

Définition d'un état de choc : insuffisance circulatoire à l'origine d'une inadéquation entre les besoins et les apports en oxygène, aboutissant à une souffrance énergétique cellulaire, responsable de défaillances d'organes.

Diagnostic

Attention : les critères diagnostics d'un état de choc ne sont pas consensuels selon les étiologies. De manière générale, cela associe des critères :

  • Paramètres vitaux : hypotension artérielle (PAS < 90 mmHg, PAM < 65 mmHg, baisse de 30% par rapport aux valeurs habituelles), possible tachycardie réactionnelle
  • Signes d'hypoperfusion périphérique : marbrures (surtout aux genoux), extrêmités froides, temps de recoloration cutanée allongé (> 3 secondes)
  • Signes de souffrance d'organe : troubles neurologiques (de la confusion jusqu'au coma), oligo-anurie, polypnée (> 22/minute), etc.
  • Biologique : hyperlactatémie > 2 mmol/l (reflet du métabolisme anaérobie)

Principes de prise en charge immédiate

Urgence diagnostique et thérapeutique : besoin d'aide (soignants, réanimateur, etc.), désignation d'un leader pour coordination et communication sur les tâches à effectuer.

1. Monitorage des paramètres vitaux : électrocardioscope, SpO2, pression artérielle

2. Evaluer et traiter en priorité ce qui tue le plus rapidement : traitements symptomatiques

  • A (airway) : libérer les voies aériennes
    Exemples : aspirer les sécretions buccales (vomi, etc.) , subluxation mandibulaire, vérifier qu'un dentier n'a pas été avalé, etc.
  • B (breathing) : optimiser la ventilation et l'oxygénation
    Exemples : oxygénothérapie systématique, examen pulmonaire, exsufflation si pneumothorax, etc.
  • C (circulation) : optimiser l'hémodynamique
    Exemples : voies veineuses, remplissage vasculaire (500 ml de cristalloide chez l'adulte, 20 ml/kg chez l'enfant en débit libre), identification et arrêt d'un saignement, support vasopresseur et/ou inotrope, etc.
  • D (disability) : évaluation neurologique de base
    Exemples : score de Glasgow, examen des pupilles
  • E (exposure) : optimiser l'environnement
    Exemples : sondage urinaire, thermique, gastrique, réchauffement, antibiothérapie, extraction d'un milieu hostile, etc.

3. Recueil anamnestique : identifier la cause

4. Examens complémentaires : enquête étiologique, évaluation de la gravité, bilan préthérapeutique

5. Traitement étiologique

Etiologies

4 cadres nosologiques selon le profil hémodynamique et la physiopathologie :

  • Chocs cardiogéniques
  • Chocs hypovolémiques : choc hémorragique, déshydratation majeure
  • Chocs distributifs : choc septique, choc anaphylactique
  • Chocs obstructifs : embolie pulmonaire, pneumothorax, tamponnade

Examens complémentaires

Enquête étiologique :

  • Electrocardiogramme (ECG), tropinine
  • Radiographie thoracique
  • Autres imageries selon les points d'appel : scanner surtout, échocardiographie transthoracique (ETT, pour évaluer le profil hémodynamique)

Evaluation de la gravité :

  • Numération sanguine : hyperleucocytose, lymphopénie
  • Bilan d'hémostase (TP, TCAr, fibrinogène, calcium) : coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)
  • Ionogramme sanguin et créatininémie : insuffisance rénale aigüe, troubles ioniques
  • Bilan hépatique : "foie de choc" (ou hépatite ischémique)
  • Gazométrie artérielle : hypoxémie, acidose
  • Lactatémie artérielle (à privilégier, sinon veineuse)

Bilan préthérapeutique :

  • Choc hémorragique : groupages sanguins (2 déterminations), recherche d'agglutinines irrégulières (RAI)
  • Choc septique : hémocultures, uroculture, examens bactériologiques des crachats (ECBC), etc.

Etats de choc cardiogéniques

Causes : infarctus du myocarde, myocardite, valvulopathie

Physiopathologie : défaillance de la pompe cardiaque responsable d'une diminution du débit cardiaque.

Profil hémodynamique : débit cardiaque diminué, précharge augmenté, résistances vasculaires systémiques variables.

Principes de prise en charge : réanimation, unité soins intensifs de cardiologie (USIC)

  • Si oedème aigü pulmonaire (défaillance cardiaque gauche) : position demi-assise, diurétiques, ventilation non-invasive
  • Si insuffisance cardiaque droite isolée : remplissage prudent
  • Dans tous les cas : évaluer la nécessité d'un support inotrope (Dobutamine) et/ou d'un support vasopresseur (Noradrénaline).
  • Attention : ne pas prescrire les médicaments hypotenseurs utilisés en cas d'insuffisance cardiaque aigüe sans état de choc (dérivés nitrés, inhibiteurs calciques, bétabloquants, etc.).

Traitements étiologiques :

  • Syndrome coronaire aigü (SCA) : revascularisation coronaire (coronarographie), antiagrégants plaquettaires, etc.
  • Troubles du rythme : antiarythmique, choc électrique externe, etc.
  • Intoxication aux cardiotropes : cf item spécifique, discuter assistance cardiaque temporaire
  • Valvulopathie : chirurgie
  • Dissection aortique : chirurgie

Etats de choc hypovolémiques

Causes : hémorragie, diarrhées / vomissements profus.

Physiopathologie : diminution de la volémie responsable d'une diminution du débit cardiaque.

Profil hémodynamique : débit cardiaque abaissé, précharge très abaissée, résistances vasculaires systémiques augmentées.

Choc hémorragique

Principes de prise en charge :

1. Identifier la localisation du saignement :

  • Extériorisé :
    • Hématémèse, méléna, rectorragie : endoscopie digestive haute, rectosigmoïdoscopie
    • Plaie vasculaire / traumatique : compression externe, garrot, avis chirurgical
    • Gynéco-obstétricale : examen sous valve, révision utérine
  • Non extériorisé :
    • Traumatique : échographie (eFAST, radiographies (thorax, bassin), scanner thoraco-abdomino-pelvien injecté
    • Non traumatique : scanner thoraco-abdomino-pelvien injecté

2. Arrêter l'hémorragie 

  • Plaie : compression, garrot, suture
  • Autres : appels chirurgiens (viscéral, obstétricien, traumatologue), endoscopiste, etc.

3. Mesures symptomatiques :

  • Remplissage vasculaire : solutés cristalloïdes
  • Transfusion sanguine : priviléger des culots phénotypés Rh-Kel dès que possible, sinon transfuser du O négatif chez la femme en âge de procréer, sinon O positif
  • Correction des troubles de l'hémostase : facteurs de coagulation et/ou concentrés de complexe prothrombinique si anticoagulants oraux, supplémentation calcique, transfusion de plasma frais congelé (PFC) et fibrinogène, acide tranexamique
  • Support vasopresseur en absence de réponse au remplissage (Noradrénaline)
  • Corriger une hypothermie

Etats de choc distributifs

Causes : infections (choc septique), choc anaphylactique

Physiopathologie complexe : association de plusieurs mécanismes :

  • Hypovolémie relative par vasoplégie : le contenu (le volume sanguin) est inadapté au contenant (le diamètre des vaisseaux)
  • Shunts microcirculatoires par redistribution vasculaire : territoires hypovascularisés
  • Anomalies inflammatoires et métaboliques : dysfonctionnement mitochondrial

Profil hémodynamique : débit cardiaque variable (peut être augmenté surtout à la phase initiale du choc septique, mais possible sidération), précharge abaissé, résistances vasculaires systémiques très abaissées.

Choc septique (cf item spécifique)

Principe de prise en charge :

  • Réanimation : remplissage vasculaire (cristalloïdes), support vasopresseur (Noradrénaline)
  • Identification du foyer infectieux : clinique, imagerie (scanner surtout), etc.
  • Prélèvements infectieux : hémocultures, uroculture, etc.
  • Eviction du foyer infectieux :
    • Chirurgie si foyer profond
    • Antibiothérapie : initialement large spectre, puis adaptée secondairement

Choc anaphylactique (cf item spécifique)

Gradation de l'état de choc selon la classification de Ring et Messmer en 4 stades, permettant de d'intensifier les traitements.

1. Prise en charge du l'état de choc :

  • Eviction des allergènes potentiels
  • Injection d'Adrénaline : intramusculaire à privilégier (0,01 mg/kg), sinon intraveineux si disponible (dose 10 fois moindre qu'en IM)
  • Remplissage vasculaire par cristalloïdes

2. Prise en charge d'une insuffisance respiratoire associée :

  • Position assise
  • Si obstruction des voies aériennes supérieures : aérosols d'Adrénaline (5 mg), intubation trachéale
  • Si obstruction des voies aériennes inférieures : aérosols de béta-2-mimétiques (Salbutamol)

A noter :

  • Corticothérapie (1 mg/kg de méthylprednisolone) : pas un traitement de l'urgence, mais pourrait prévenir l'effet rebond. 
  • Antihistaminique : efficace uniquement sur les signes cutanéomuqueux.

Choc neurogénique

Physiopathologie : atteinte médullaire cervicale (traumatisme, compression tumorale, etc.)

  • Tétraplégie ou paraplégie haute, blocage du système orthosympathique
  • Prédominance du parasympathique : vasoplégie sous-lésionnelle, hypotension, bradycardie

Principe de prise en charge :

  • Examen neurologique détaillé : score Asia
  • Immobilisation du rachis : collier cervical, plan dur, etc.
  • Remplissage vasculaire par cristalloïde
  • Support vasopresseur par Noradrénaline +/- chronotrope positif par Atropine

Etats de choc obstructifs

Physiopathologie : obstacle circulatoire

Causes : embolie pulmonaire (augmention de la post-charge du ventricule droit), tamponnade et pneumothorax (diminution du retour veineux)

Profil hémodynamique : débit cardiaque diminué, précharge augmentée, résistances vasculaires systémiques augmentées

Embolie pulmonaire (cf item spécifique)

Principes de prise en charge :

  • Si état de choc et patient non transportable : échocardiographie transthoracique au lit du malade
    • Coeur pulmonaire aigü : anticoagulation curative, discuter thrombolyse / thrombectomie
    • Pas de défaillance cardiaque droite : chercher une autre cause, pas de thrombolyse
  • Si patient stable et transportable : angioscanner

Pneumothorax (cf item spécifique)

Principes de prise en charge :

  • Si état de choc : exsufflation puis drainage

Tamponnade (cf item spécifique)

Principes de prise en charge : échocardiographie transthoracique pour confirmer le diagnostic et évaluer le retentissement hémodynamique

  • Drainage péricardique (sauf si dissection aortique)