Item 216 à l'EDN : Syndrome hémorragique d'origine hématologique

Fiche de révision pour l'EDN

Syndrome hémorragique d'origine hématologique : saignement anormal, induit ou majoré par une pathologie de l'hémostase, acquise ou constitutionnelle.

Physiologe de l'hémostase

3 temps essentiels, étroitement imbriqués, durant lesquels participent cellules, protéines et phospholipides :

  1. Hémostase primaire : formation d'un thrombus à prédominance de plaquettes, avec la participation des cellules endothéliales, du facteur de von Willebrand (vWF) et du fibrinogène.
  2. Coagulation (hémostase secondaire) : la cascade de la coagulation, grâce à ses différents facteurs (dont la plupart sont synthétisés par le foie, et certains en présence de vitamine K), permet de former un caillot hémostatique solide.
  3. Fibrinolyse : le caillot est lysé par la plasmine, une enzyme générée après activation du plasminogène par le t-PA ou l'u-Pa (urokinase), ce qui entraîne la libération de produits de dégradation de la fibrine (PDF) et de D-Dimères.

Facteurs vitamine-K dépendants : II, VII, IX, X.

cascade coagulation

Orientation dès l'examen clinique

Les éléments de l'interrogatoire qui doivent faire suspecter une maladie hémorragique d'origine hématologique sont : 

  • Antécédents hémorragiques personnels : date de début des signes, types de saignement (cutané, muqueux, viscéral, articulaire, etc.), spontanés ou provoqués, après gestes invasifs / chirurgies, anémie, traitement martial, nécessité de transfusion, etc.
  • Si femme : ménométrorragie, etc.
  • Traitements médicamenteux : antiagrégants plaquettaires, antithrombotiques, etc.
  • Antécédents hémorragiques familiaux : maladie de Willebrand, hémophilie, etc.

A l'examen physique, il faut rechercher :

  • des saignements cutanés (purpura pétéchial, ecchymoses), muqueux (bouche, pharynx), profonds (hématome) ou articulaires (hémarthrose)
  • des signes d'anémie, de carence martiale
  • des pathologies sous-jacentes : insuffisance hépatique, rénale, infection, maladie auto-immune (lupus érythémateux disséminés surtout), hémopathie malagnie, cancer, etc.

Il est possible de s'orienter entre une atteinte de l'hémostase primaire et une atteinte de la coagulation :

  • Hémostase primaire : hémorragies cutanées et muqueuses (purpura pétéchial et/ou ecchymotiques), saignements spontanées et/ou provoqués
  • Coagulation : hémarthroses, hématomes profonds, saignement provoqué par un traumatisme minime, saignement retardé

Examens complémentaires

En première intention :

  • Hémogramme 
  • Temps de Quick (ou taux de prothrombine, TP) : voie extrinsèque et voie commune
  • Temps de céphaline avec activateur (TCA) : voie extrinsèque et voie commune
  • Dosage du fibrinogène

A titre indicatif, voici les valeurs anormales et les limites entraînant un risque hémorragique :

  Anormal Risque hémorragique
Plaquettes (G/L) < 150 < 50 - 70
Taux de prothrombine (%) < 70 < 30
TCAr (rapport patient/témoin) > 1,2 (ou 1,3 chez l'enfant) > 1,2 (ou 1,3 chez l'enfant)
Fibrinogène (g/L) < 2 < 0,5 - 0,8
Facteurs II, V, VII, IX, X, XI (%) < 70 < 30
Facteur de Willebard et facteur VIII (%) < 50 < 30

En cas de thrombopénie : contrôler une fausse thrombopénie en vérifiant l'absence d'agrégats in vitro sur tube citraté ou hépariné, car possible agrégation dans les tubes de prélévement à cause de la présence d'acide éthylène diamine tétra-acétique (EDTA). 

Si autres anomalies : examens plus spécifiques selon l'orientation (dosages des facteurs de coagulation, étude du facteur de Willebrand, analyse des fonctions plaquettaires, etc.)

Les déficits en facteurs de coagulation

1. Hémophilie constitutionnelle

  • Clinique : garçons dès l'âge de la marche
  • Test de dépistage le plus sensible : TCAr allongé
  • Diagnostic : dosage des taux de facteurs VIII (hémophilie A) et IX (hémophilie B)

2. Déficits acquis de la coagulation

  • Hypovitaminose K : TP diminué, facteur V normal
  • Insuffisance hépatocellulaire : TP abaissé, facteur V abaissé

3. Coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)

CIVD : conséquence de l'activation pathologique et diffuse de la coagulation.

Causes : multiples

  • médicales : infections sévères, cancers, leucémies (LAM3 surtout), hémolyses intravasculaires, etc.
  • obstétricales : hématome rétroplacentaire, embolie amniotique, toxémie gravidique, éclampsie, mort foetale in utero, môle hydatiforme, placenta praevia
  • chirurgicales et traumatiques : chirurgie pulmonaire ou cardiaque avec circulation extracorporelle, prostatique, polytraumatismes, brûlures étendues, etc.
  • autres : morsures de serpents, embolies graisseuses, malformations vasculaires, etc.

Manifestations : soit hémorragiques, soit thrombotiques

Anomalies

  1. Les plus précoces : thrombopénie, fibrinogène abaissé
  2. Puis consommation variable des facteurs de coagulation (surtout le facteur V) : allongement du TCA, baisse du TP
  3. Enfin : augmentation des produits de dégradation de la fibrine (PDF) et des D-dimères

4. Hémophilie acquise

  • Contexte : sujet âgé, jeune femme en post-partum
  • A évoquer si : syndrome hémorragique récent, TCAr allongé et non corrigé par adition de plasma normal, avec taux de facteur VIII abaissé

Thrombopathie

Thrombopathie : maladie fonctionnelle des plaquettes.

A évoquer si : saignements cutanéomuqueux inexpliqués associés à des examens de débrouillage normaux.

Causes :

  • acquises surtout : médicaments (antiagrégants plaquettaires, anti-inflammatoire, antibiotiques, antidépresseurs, etc.) et hémopathies (syndromes myéloprolifératifs ou myélodysplasiques, gammapathies monoclonales, etc.).
  • constitutionnelles : thrombasténie de Glanzmann (anomalie quantitatve ou qualitative de la GPIIb-IIIa)